#185 – La parole aux mamans

Dondon Clotilde 25 ans. Instagram : @clotilde_dond

J’ai été enceinte de ma première fille en 2016, pour mes 22 ans. J’ai continué de monter à cheval pendant 3 mois environ (balade uniquement, et avec mon cheval) , jusqu’à ce que mon ventre commence à se montrer, et que je me sente moins en sécurité, car une chute à cheval enceinte n’est pas anodine. Je n’ai pas pratiqué de sport, puisque je travaillais, et mon temps libre je le passais avec mes animaux. Mais j’ai continué à m’occuper de mon cheval, de le travailler quotidiennement (balade à pied, travail à pied, longe..) pour le maintenir en forme, et moi par la même occasion

Malgré ma perte de poids en début de grossesse, j’ai dù prendre 25 kilos environ. Mais j’aimais ce corps qui changeait, car je portais la vie, et me disais que ce n’était que pour un temps.

Je travaillais dans une école maternelle, et m’occupais des activités des enfants, je suis plutôt restée active avec eux, jusqu’à mes 7 mois de grossesse où j’ai du être mise en repos pour cause de contractions régulières.

Après accouchement, j’ai repris l’équitation 1 mois après, j’ai bien fait la rééducation périnéale conseillée. Malheureusement, j’ai vite retrouvé un travail, et une nouvelle vie de maman, plus un nouveau travail, ce qui laissait peu de place pour une quelconque activité.

J’ai été victime, 6 mois après, d’un gros accident du travail, qui m’a luxé et fracturé la cheville. Opérée d’urgence, 4 opérations, une cheville bloquée (arthrodèse), et 20 mois d’arrêt, et prêt de 200 séances de kiné, le sport doit être ” oublié ”. 

Avec cet accident, mes kilos perdus ont été repris à cause de l’alitement, et du manque d’activité. Je remarche normalement depuis octobre 2018 seulement. 

Je suis actuellement enceinte de mon deuxième. Et je ne vois pas les choses pareilles. Je suis déjà limitée à cause de mes opérations, et d’un pied invalidant. Le poids s’ajoutant sur un poids qui de base fait que j’étais en surpoids avant grossesse (je n’ai jamais pu perdre les kilos pris après les opérations) , je me suis vu très rapidement limitée, à devoir faire attention à mon alimentation, pour limiter la casse. Ce poids prit, appui considérablement sur ma cheville fragilisée, et risque de l’abîmer plus rapidement que prévu. A 7 mois de grossesse, je ne peux déjà quasiment plus marcher sans avoir de fortes douleurs dans le pied, et ainsi, mes activités physiques deviennent très limitées.

Je n’ai toujours pas de problème concernant mon corps qui change, car j’aime beaucoup l’arrondi des femmes enceintes, mais l’après grossesse sera certainement plus difficile à digérer, et il sera également important de devoir mettre en place une alimentation pour me permettre de perdre du poids, puisque le sport à impact (course à pied, bond, soit beaucoup de sports..) m’est totalement interdit, et réfléchir à une nouvelle manière d’aborder mon image, ainsi qu’une perte de poids.


 DEVOILLE Elsise, 32 ans. Instagram : @elise_devoille

Avant d’être enceinte mon quotidien était rythmé par des entraînements : de la course à pied, de la natation et du vélo. Je faisais entre 8 et 12 heures de sport par semaine pour préparer des triathlons.

Autant dire que le sport occupe une grande place dans ma vie !

Je n’ai pas honte de dire que pendant un temps je n’étais pas prête à avoir un bébé parce que je ne voulais pas changer ma façon de m’entraîner. Je ne voulais pas ralentir, changer mon quotidien du jour au lendemain et voir mon corps changer.

Et puis un jour je me suis sentie prête à accueillir une petite colocataire dans mon ventre !

Et c’est d’ailleurs à travers le sport que j’ai découvert ma grossesse : je me trouvais très fatiguée, je n’arrivais pas à tenir mes allures habituelles, je récupérais mal, j’étais souvent essoufflée… bref je me sentais bien diminuée. Et pour cause un petit être humain me pompait toute mon énergie pour grandir depuis presque 2 mois ! 

A partir du moment où j’ai su que j’étais enceinte, et avec le feu vert de ma sage-femme, j’ai continué le sport mais différemment. Il était inenvisageable d’arrêter puisque j’avais l’autorisation et que ça ne mettait pas mon bébé ni moi en danger.

Evidemment j’ai tout adapté : j’ai continué à courir jusqu’au début du 5e mois (avec même deux dossards pendant cette période) mais j’ai dit bye-bye aux fractionnés et sorties longues, j’ai roulé jusqu’au 6e mois en évitant le dénivelé et je suis allée à la piscine aussi longtemps que j’ai pu. J’ai aussi fait pas mal de renforcement musculaire doux pour ne pas perdre tous mes petits muscles ! 

J’étais heureuse de pouvoir concilier grossesse et sport comme je l’avais imaginé.

Malheureusement dans ma 28e semaine de grossesse j’ai été obligée de tout arrêter. Je suis passée  d’une grossesse de rêve très active à un alitement quasi total en une fraction de seconde. 2 mois d’hospitalisation où mon seul sport consistait à me lever pour aller aux toilettes ou prendre une douche… Cela a été très difficile à vivre mais il fallait faire avec.

Le post grossesse était le moment que je redoutais le plus dans la reprise du sport. Encore plus après un alitement de 2 mois. 

Il m’a fallu un bon mois pour me remettre de mon accouchement, le sport était très loin de mes préoccupations. Même faire une petite marche était devenu un parcours du combattant !

Et puis au bout de 8 semaines j’ai eu le feu vert pour reprendre la natation et c’était tellement chouette ! Sentir de nouveau mon corps s’activer, le bonheur ! Au bout de 10 semaines j’ai pu reprendre le vélo de route en parallèle de ma rééducation du périnée (très important !) et enfin la course à pied à 3 mois postpartum.

Aujourd’hui 6 mois après mon accouchement je suis toujours en reprise, j’ai accroché un dossard sur un 10km au 4 mois de mon bébé et fait une cyclotouriste de 90km à ses 5 mois. Mais je n’ai encore repris aucun plan d’entrainement, je ne me sens pas prête physiquement et mentalement, je laisse pas mal d’énergie à m’occuper de cette petite personne ! Pour l’instant je fonctionne à l’envie, en écoutant mon corps, sans culpabiliser d’en faire moins. Une grossesse et un accouchement ce n’est pas rien et c’est important pour moi de me laisser le temps. Même si j’ai parfois l’impression que je n’arriverai plus jamais à tenir le même rythme qu’avant, je sais que je dois juste être patiente.

Je n’ai pas pris beaucoup de poids pendant ma grossesse, je ne sais pas combien exactement car je ne me suis plus pesée à partir de mon entrée à l’hôpital.

C’était un choix de ma part pour ne pas focaliser là-dessus et j’ai eu raison.  A cause de mon passif d’anorexie, j’avais peur de ma réaction face au changement de mon corps. Je pensais que j’allais faire une obsession de mon poids, de chaque changement de mon corps pendant 9 mois. Je m’imaginais accepter très mal mon ventre vide après l’accouchement et ce corps tout mou. Et finalement, je suis la première surprise de voir à quel point je n’en ai rien eu à faire ! Ni pendant, ni après. J’ai laissé les choses se faire, je me suis détachée des chiffres, j’ai laissé mon corps tranquille. Et il me l’a bien rendu puisque j’ai assez rapidement retrouvé un physique dans lequel je me sentais bien. Le sport a évidemment aidé a tout ça.

Je crois que cette grossesse compliquée a été un moyen de lâcher prise sur mon physique, de moins me prendre la tête. Être enfermée 2 mois dans une chambre d’hôpital à espérer que bébé n’arrive pas maintenant, aide à relativiser sur les kilos en trop. Il faut bien tirer du positif de cette histoire !

Comme avant et pendant ma grossesse, le sport occupe toujours une grande place dans mon quotidien. Il faut s’organiser différemment, s’entrainer moins mais mieux et faire cohabiter passion du sport et rôle de maman. Pas simple tous les jours mais c’est un nouveau challenge que j’accepte de relever 😊 


N’étant pas maman moi-même, je ne peux que vous donner mon avis de professionnelle. En tant que coach sportif, je ne peux que vous recommander de rester active pendant votre grossesse. Néanmoins, il est toujours impératif de demander l’avis de votre médecin. Inutile de vous dire qu’il va falloir adapter votre pratique. Les 3 premiers mois sont souvent symptomatiques d’une grosse fatigue, ralentissez le rythme si nécessaire ; principalement pour éviter de vous fatiguer davantage ou encore pour éviter une blessure toute bête. Vous pouvez poursuivre les activités que vous pratiquiez déjà par le passé. Evitez de vous lancer dans la préparation d’un semi-marathon alors que vous n’aviez jamais couru avant par exemple. 

L’essentiel pendant votre grossesse est de vous écouter. Votre corps saura vous envoyer des messages si nécessaires. Ne prenez pas de risques. Mais rappelez-vous que vous n’êtes pas malade. 

Quant au fait que votre silhouette évolue, c’est très important de rester sur l’essentiel : votre corps change pour une période bien définie qui vous permet de créer la vie. Ce n’est pas rien. C’est un gros chamboulement physique, psychique et hormonal. Prendre des kilos pendant une grossesse c’est normal, à condition que vous ne vous cachiez pas derrière le fameux « je mange pour deux, puisqu’on est deux… » ; parce qu’ici ce ne sont plus vraiment ce qu’on appelle « des kilos de grossesse ». 

Une fois l’accouchement passé, là encore, pas de pression. Laissez à votre corps le temps de reprendre ses marques, effectuez votre rééducation du périnée, puis reprenez vos activités physiques progressivement. Il n’y a pas d’urgence, ce n’est pas une course à celle qui retrouvera la ligne le plus vite possible. C’est comme vouloir perdre 10 kilos ou obtenir un « bikini body » 2 mois avant l’été. La méthode ne sera évidemment pas pérenne. (Cf. #10 – Envisager les choses sur du court, moyen et long terme.)

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