#277 – Trop, trop, trop, et encore trop…

A vouloir trop en faire, on finit par se perdre. Puisque rappelez-vous « le trop est l’ennemi du bien » (Cf. #31 – Le trop est l’ennemi du bien)

C’est un rendez-vous avec l’une de mes connaissances qui m’a inspiré ce rappel, vous allez vite comprendre. Nous allons l’appeler Sarah.
Sarah m’avait sollicité quelques jours auparavant pour qu’on se bloque un moment d’échange entre deux coachings, sans trop savoir de quoi il s’agissait précisément, je sais qu’elle s’entraine très régulièrement en salle de sport, plutôt en musculation, peu en cardio, je présume alors qu’elle a besoin de conseils.

En effet, c’était bien l’objet de notre rencontre.
Mais à ma grande surprise, il ne s’agissait pas de musculation. En tout cas, pas directement.

Le premier dimanche d’octobre a lieu chaque année la « Run in Lyon », une course de 10, 21 ou 42 kilomètes, en plein coeur de l’agglomération lyonnaise. L’occasion de se tester, pour certains de s’amuser, ou encore, pour d’autres, de se challenger.
Sarah m’annonce alors qu’elle a décidé de s’inscrire sur le 10 kilomètres. Jusque là tout va bien. Puis elle continue en me disant qu’elle aimerait se fixer un objectif de temps, c’est à dire faire un chrono. Rappelons que Sarah ne court pas habituellement. Et surtout que sa prise de décision sur le fait d’y participer se fait 2 semaines avant l’échéance. Elle conclue en me demandant si j’ai un conseil quant à sa préparation pour atteindre cet objectif. En deux semaines…

Je remets immédiatement en question son approche par rapport à cette course, et surtout, j’essaye de lui faire comprendre pourquoi.
Premièrement, courir 10kilomètres ce n’est pas rien (Cf. #162 – La banalisation des distances en courses à pieds). Ce n’est pas parce que c’est la plus petite distance ce jour là, qu’il s’agit d’une petite distance. C’est un challenge de faire 10kilomètres de course à pieds et encore plus dans ces conditions.
Je poursuis sur l’objectif. Pourquoi un objectif de temps alors qu’elle ne court pas habituellement ? Faire un 10K pour la première fois, sur une course officielle est déjà un objectif à part entière. Le finir, le vivre de manière positive et surtout sans blessure, c’est primordial sur le chrono.
Et qu’on se le dise, deux semaines ce n’est pas un délai raisonnable de préparation. Le corps est une machine complexe, mais en aucun cas un robot qui se reprogramme en 2 minutes. Deux semaines cela ne laisse pas le temps à votre corps de s’adapter à votre entrainement en vue d’une compétition d’un point de vue physiologique. Sarah n’a pas un passé de running, une pratique régulière, loin delà même puisque sa pratique de la course à pieds est inexistante.

On en arrive à sa pratique sportive. Elle souhaite que sa « préparation » s’imbrique avec ses entrainements de musculation. Elle m’annonce alors qu’elle s’entraine 5 à 6 fois par semaine à raison de 2h à chaque fois.
C’est pire que ce que je pensais.
Elle risque tout simplement de se blesser. Soit à la salle, soit sur cette fameuse course. Car de toute évidence, elle est en surentraînement. (Cf. #156 – Les 5 principes de base de l’entrainement). Elle s’épuise à passer des heures et des heures en salle alors qu’en optimisant ses entraînements, elle ferait moins mais mieux. Maintenir ce genre d’entrainement ne lui servira pas sur son 10km, voire même, il pourrait lui desservir. Sa pratique sportive et son rythme n’auront qu’un impact négatif sur cette course mais pas que. Il est impératif qu’elle revoit son rapport au sport. Initialement, elle a commencé le sport pour se sentir en forme et en pleine santé. Je lui explique que sa pratique actuelle va à l’encontre de tout ça. Que cela doit rester un plaisir.
Sarah a peur qu’en diminuant sa pratique, elle prenne du poids. Je lui explique qu’en augmentant l’intensité de ses séances, bien qu’elles soient moins longues, elle maintiendra un effort physique important et que par conséquent sa dépense énergétique ne sera pas divisée par deux.

A la fin de notre conversation, Sarah semble un peu sonnée de nos échanges, qui clairement remettent en question toute sa pratique sportive. En parallèle, j’étais assez inquiète de ce que cela allait donner. Allait-elle m’écouter ? Ou complètement ignorer mes mises en garde ?

Deux semaines plus tard, Run in Lyon est passé. Je la croise au bureau, sourire aux lèvres. Je lui demande « Alors, ça s’est bien passé ? ». Elle me répond « J’allais t’écrire, je n’ai pas couru ; je n’étais clairement pas prête et surtout j’étais épuisée, tu avais raison, j’allais droit à la catastrophe ». Quel soulagement ! Pas d’avoir raison. Mais surtout que mes mots ont eu un impact, qu’elle a entendu et qu’elle ne soit pas blessée.

Prenez du recul sur votre pratique, elle doit vous servir, jamais vous desservir.
« Le trop est l’ennemi du bien »

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